[Extrait de "Considérations" par Moi-Même, n° 71 qui date de 30 Avril 2008]
Ce qui m'a incité à écrire la partie suivante est relatif à un petit événement qui date d'aujourd'hui (30 Avril 2008). J'était au centre ville de la capitale (Tunis) avec une amie très proche lorsque deux gars et une fille qui marchent devant nous commencèrent à insulter Nietzsche (« Psychopathe, malade, fou... »). J'ai sourit un bon moment, et puis, j'ai répondu à la question très attendue de mon amie : « Pourquoi souris-tu ? ». Je lui ai attiré l'attention sur ce que ces jeunes ont dit, et j'ai ajouté ce commentaire : « Ils avaient raison, Nietzsche était fou, mais c'était eux qui le trouvaient comme ça. par contre, Paul Valéry, André Malraux, Carl Jaspers, Martin Heidegger et André Gide ne l'ont pas trouvé fou. »
Un mois avant, j'ai eu cette discussion intense avec un autre ami, qui a suit un enseignement artistique à l'école des beaux-arts de Tunis, et qui a lu et pensé en Nietzsche durant cinq ans. J'ai trouvé pas mal de raisonnement superficiels, de préjugés et d'analyses inférieures dans son point de vue (comme l'articulation d'un argument sur la morale courante, sur l'instinct économique de vie et sur l'acceptance de la société) et comme réponse finale, je lui ai dit qu'il n'a pas encore lu Nietzsche.
Revenons à ce qui est passé ce soir. J'ai pris le transport commun pour retourner chez moi. Malgré la chaleur, les rayons impitoyables du soleil, le nombre infini de personnes dans l'autobus, leurs discussions tumultueuses, tout comme le bruit du moteur, j'ai pu m'isoler en mettant les oreillettes de mon baladeur mp3 aux oreilles et en écoutant mon bruit préféré : le Heavy Metal. Ainsi, j'ai commencé à penser à cette question intrigante : pourquoi tant de personnes haïssent Nietzsche ?On disait que Nietzsche était un nihiliste, et que ses textes incitent au suicide, et détruisent la volonté de l'homme. Quelle erreur ! Nietzsche incite à la volonté de puissance (The Will to Power) et les personnes incapables de trouver leur volonté pour une telle chose sont les seuls de l'accuser d'une telle bêtise.Il y a deux jours, au matin, j'étais entrain de lire quelques pages de « Crépuscule des idoles » de Nietzsche, lorsque la réponse, telle que je la cherchais, s'est manifesté comme attendue, claire et agressive comme le langage de Nietzsche. tout de suite, j'ai pris un papier et un stylo, et j'ai écrit une petite explication de ce phénomène en l'intitulant : « Nietzsche : Nihilisme, Pessimisme et la mort de Dieu », et voici une reformulation textuelle de mes remarques :
À travers les œuvres de Nietzsche, un nihilsme extrême apparait, sous deux formes adjacentes :
Un cycle : le retour éternel.
Un événement crucial : la mort de Dieu.
Un résultat très naïf et simpliste : Nietzsche est l'héritier du pessimisme, en introduisant une forte dose d'athéisme ; un pessimisme plus obscur que celui de Shopenhauer.
Pourtant, ce pessimisme n'est pas Nietzschéen, c'est l'impression du spectateur qui est pessimiste. Nietzsche évoque tout ça comme des vérités, sans beaucoup de méfiance comme d'habitude. Il est important de dire que Nietzsche ne détruit pas pour le plaisir, il détruit en préparant le matériel de construction.
Je crois que Nietzsche ne peut jamais, à une époque pareille, ne pas construire : il était obligé de le faire, et c'est peut-être pourquoi il a donné des substituts :
L'univers est un système fermé et isolé, rien de surnaturel, rien de métaphysique. le retour éternel de Nietzsche substitue l'éternalisation métaphysique à travers le couple paradis/enfer (châtiment/reconnaissance) en se basant sur une vue en cercle vicieux de l'univers. Ainsi, rien n'est meilleur que la vie, et rien n'est pire aussi : toute la vie est une exception, ce qui contredit le pessimisme.La mort de Dieu implique la mort de la dernière contrainte sur ce que la vie doit être : ainsi, chaque individu doit plannifier sa vie et « combattre » pour elle.
À travers la mort de Dieu, Nietzsche incite à la célébration de la vie, le dernier trésor de l'homme.Déjà, un humanisme très puissant se manifeste à travers le nihilisme de Nietzsche. L'homme prend une valeur par rapport à son esprit : il ne faut pas gâcher une exception !
Une remarque : Nietzsche n'incite pas à la création d'un nouvel idole/dieu à travers l'übermensch, il fixe simplement un objectif très naturel : évoluer l'homme courant. (cf. Ainsi Parlait Zarathoustra, Le prologue de Zarathoustra)
Mais comment célébrer la vie ? Nietzsche donne une solution : tout acte héroïque est digne d'être une célébration de la vie, parce qu'il dépasse les peurs et les craintes de l'homme, son frein éternel. « [...] l'homme héroïque, glorifie dans sa tragédie sa propre existence » (Crépuscule des Idoles, divagation d'un « inactuel », 24) : n'est-ce pas la tragédie grecque, l'achèvement tragique d'un but, à travers une cause (quelconque ?) qui se manifeste aussi à travers Héracles, Achilles et Prométhée ?
Ce dernier passage que j'ai cité était la réponse à tout ceux qui accusent Nietzsche de pessimisme et de nihilisme (pourtant je trouve le nihilisme plus digne d'un concept, d'une théorie plus que d'une accusation). ceux qui veulent lire Nietzsche doivent ouvrir leurs esprits, et jeter la peur derrière eux.
Pour finir, Nietzsche : « Formule de mon bonheur : un « oui », un « non », une ligne droite, un but... » (Crépuscule des idoles, Maximes et traits, 44)
Post Scriptum : Ceci est une analyse philosophique de Nietzsche. Ceux qui cherchent autre chose que ça ne doivent en général rien trouver.
übermensch : Sur-homme de Nietzsche, une nouvelle évolution de l'homme.
The Will To Power : la volonté de la puissance
Ce qui m'a incité à écrire la partie suivante est relatif à un petit événement qui date d'aujourd'hui (30 Avril 2008). J'était au centre ville de la capitale (Tunis) avec une amie très proche lorsque deux gars et une fille qui marchent devant nous commencèrent à insulter Nietzsche (« Psychopathe, malade, fou... »). J'ai sourit un bon moment, et puis, j'ai répondu à la question très attendue de mon amie : « Pourquoi souris-tu ? ». Je lui ai attiré l'attention sur ce que ces jeunes ont dit, et j'ai ajouté ce commentaire : « Ils avaient raison, Nietzsche était fou, mais c'était eux qui le trouvaient comme ça. par contre, Paul Valéry, André Malraux, Carl Jaspers, Martin Heidegger et André Gide ne l'ont pas trouvé fou. »
Un mois avant, j'ai eu cette discussion intense avec un autre ami, qui a suit un enseignement artistique à l'école des beaux-arts de Tunis, et qui a lu et pensé en Nietzsche durant cinq ans. J'ai trouvé pas mal de raisonnement superficiels, de préjugés et d'analyses inférieures dans son point de vue (comme l'articulation d'un argument sur la morale courante, sur l'instinct économique de vie et sur l'acceptance de la société) et comme réponse finale, je lui ai dit qu'il n'a pas encore lu Nietzsche.
Revenons à ce qui est passé ce soir. J'ai pris le transport commun pour retourner chez moi. Malgré la chaleur, les rayons impitoyables du soleil, le nombre infini de personnes dans l'autobus, leurs discussions tumultueuses, tout comme le bruit du moteur, j'ai pu m'isoler en mettant les oreillettes de mon baladeur mp3 aux oreilles et en écoutant mon bruit préféré : le Heavy Metal. Ainsi, j'ai commencé à penser à cette question intrigante : pourquoi tant de personnes haïssent Nietzsche ?On disait que Nietzsche était un nihiliste, et que ses textes incitent au suicide, et détruisent la volonté de l'homme. Quelle erreur ! Nietzsche incite à la volonté de puissance (The Will to Power) et les personnes incapables de trouver leur volonté pour une telle chose sont les seuls de l'accuser d'une telle bêtise.Il y a deux jours, au matin, j'étais entrain de lire quelques pages de « Crépuscule des idoles » de Nietzsche, lorsque la réponse, telle que je la cherchais, s'est manifesté comme attendue, claire et agressive comme le langage de Nietzsche. tout de suite, j'ai pris un papier et un stylo, et j'ai écrit une petite explication de ce phénomène en l'intitulant : « Nietzsche : Nihilisme, Pessimisme et la mort de Dieu », et voici une reformulation textuelle de mes remarques :
À travers les œuvres de Nietzsche, un nihilsme extrême apparait, sous deux formes adjacentes :
Un cycle : le retour éternel.
Un événement crucial : la mort de Dieu.
Un résultat très naïf et simpliste : Nietzsche est l'héritier du pessimisme, en introduisant une forte dose d'athéisme ; un pessimisme plus obscur que celui de Shopenhauer.
Pourtant, ce pessimisme n'est pas Nietzschéen, c'est l'impression du spectateur qui est pessimiste. Nietzsche évoque tout ça comme des vérités, sans beaucoup de méfiance comme d'habitude. Il est important de dire que Nietzsche ne détruit pas pour le plaisir, il détruit en préparant le matériel de construction.
Je crois que Nietzsche ne peut jamais, à une époque pareille, ne pas construire : il était obligé de le faire, et c'est peut-être pourquoi il a donné des substituts :
L'univers est un système fermé et isolé, rien de surnaturel, rien de métaphysique. le retour éternel de Nietzsche substitue l'éternalisation métaphysique à travers le couple paradis/enfer (châtiment/reconnaissance) en se basant sur une vue en cercle vicieux de l'univers. Ainsi, rien n'est meilleur que la vie, et rien n'est pire aussi : toute la vie est une exception, ce qui contredit le pessimisme.La mort de Dieu implique la mort de la dernière contrainte sur ce que la vie doit être : ainsi, chaque individu doit plannifier sa vie et « combattre » pour elle.
À travers la mort de Dieu, Nietzsche incite à la célébration de la vie, le dernier trésor de l'homme.Déjà, un humanisme très puissant se manifeste à travers le nihilisme de Nietzsche. L'homme prend une valeur par rapport à son esprit : il ne faut pas gâcher une exception !
Une remarque : Nietzsche n'incite pas à la création d'un nouvel idole/dieu à travers l'übermensch, il fixe simplement un objectif très naturel : évoluer l'homme courant. (cf. Ainsi Parlait Zarathoustra, Le prologue de Zarathoustra)
Mais comment célébrer la vie ? Nietzsche donne une solution : tout acte héroïque est digne d'être une célébration de la vie, parce qu'il dépasse les peurs et les craintes de l'homme, son frein éternel. « [...] l'homme héroïque, glorifie dans sa tragédie sa propre existence » (Crépuscule des Idoles, divagation d'un « inactuel », 24) : n'est-ce pas la tragédie grecque, l'achèvement tragique d'un but, à travers une cause (quelconque ?) qui se manifeste aussi à travers Héracles, Achilles et Prométhée ?
Ce dernier passage que j'ai cité était la réponse à tout ceux qui accusent Nietzsche de pessimisme et de nihilisme (pourtant je trouve le nihilisme plus digne d'un concept, d'une théorie plus que d'une accusation). ceux qui veulent lire Nietzsche doivent ouvrir leurs esprits, et jeter la peur derrière eux.
Pour finir, Nietzsche : « Formule de mon bonheur : un « oui », un « non », une ligne droite, un but... » (Crépuscule des idoles, Maximes et traits, 44)
Post Scriptum : Ceci est une analyse philosophique de Nietzsche. Ceux qui cherchent autre chose que ça ne doivent en général rien trouver.
übermensch : Sur-homme de Nietzsche, une nouvelle évolution de l'homme.
The Will To Power : la volonté de la puissance
Commentaires
Cela me donne vraiment envie de lire du Nietzsche, apparemment on a pas mal en parallèle, mais lui était bien en avance sur son temps =).
Aurais tu une idée comme ça de livre avec lequel commencer?
1- Ainsi Parlait Zarathoustra : une oeuvre littéraire mais philosophiquement très riche, elle est le meilleur livre de Nietzsche (et peut-être le meilleur livre jamais écrit)
2- Crépuscule des Idoles : un ensemble de remarques assez courtes par rapport aux essais philosophiques, mais qui stimulent la compréhension de la thèse et le point de vue de Nietzsche.
- Le gai savoir: §125 (mort de Dieu), §341 (éternel retour), §374(monde devenu infini par infinité d'interprétations possibles);
- La généalogie de la morale: la première dissertation est particulièrement intéressante.
- Ainsi parlait Zarathoustra: prologue, "Des trois métamorphoses", et j'en passe.
Sinon très bon article et oui, beaucoup de personnes on peur de Nietzsche. Peut-être par ce qu'elles ne veulent pas voir se détruire leurres dernières vérités et croyances. Et elles seront peut-être après tout plus heureuse avec ces vérités criticables, la vérité ne conduisant pas necessairement au bonheur
Dans le premier livre de la Volonté de Puissance, l'aphorisme 22 dit:
"Pour la genèse du nihiliste. — On n'a que très tard le courage de s'avouer ce que l'on sait véritablement. Que j'ai été jusqu'à présent foncièrement nihiliste, il y a très peu de temps que je me le suis avoué à moi-même : l'énergie ou la nonchalance que je mis, comme nihiliste, à aller de l'avant m'ont trompé sur ce fait principal. Lorsque l'on marche vers un but il semble impossible que " l'absence de but par excellence " soit un article de foi."
Dans le même livre, Nietzsche caractérise le nihilisme comme sentiment de l'absence de valeur, lié à la découverte qu'il n'y a pas dans le monde de but (ou de sens), ni d'unité qui lui serait supérieure et le justifierait. Devant une telle dévalorisation de ce monde, on n'a même pas le recours de prétendre qu'il ne s'agit que d'apparences derrière lesquelles se cacherait un "monde vérité", car on se rend vite compte qu'un tel monde vrai est édifié pour répondre à nos besoins psychologiques (de justification).
Pourquoi alors se qualifierait-il lui-même de nihiliste? Je pense qu'il s'agit d'un nouveau type de nihilisme, qui paradoxalement renverse le nihilisme.
A la fin de l'aphorisme 5, Nietzsche écrit: "la croyance aux catégories de la raison est la cause du nihilisme, — nous avons mesuré la valeur du monde d'après des catégories qui se rapportent à un monde purement fictif." (ces catégories sont le sens, l'unité, la vérité). Le nihiliste actif est sans doute celui qui parvient ainsi à à dévaloriser les valeurs elles-mêmes, ce qui est à la fois plus extrême et plus positif que de dévaloriser la vie au nom des valeurs.
Mais laissons encore une fois la parole à Friedrich: le nihilisme le plus extrême "fait consister la valeur des choses précisément en ceci qu'aucune réalité ne correspond et n'a correspondu à ces valeurs, mais qu'elles ne sont qu'un symptôme de force du côté des taxateurs, une simplification en vue de la vie."
Bref, tout ça pour dire qu'en qualifiant Nietzsche de nihiliste, on ne le trahit pas forcément...
Dostoïesvski nous avertit que la volonté de puissance est le pire ennemi des plus nobles entreprises de transformation du monde (révolutionnaire ou autre)
Il me semble que Nietzsche voyait le nihilisme à l’œuvre dans les valeurs de la civilisation occidentale. Son œuvre est plutôt une tentative de le dépasser non ?
Il voulait guérir peut-être, ... il a jeté ses démons sur le papier....
voici une conférence intéressante qui décrit bien l'univers du philosophe :
http://www.bnf.fr/fr/evenements_et_culture/anx_conferences_2008/a.c_080603_astor-wotling.html
cordialement